Une mémoire ravivée sous l’action de témoignages

Cette fois-ci, c’est une critique de film, devoir demandé par mon professeur d’histoire, que je publie. 🙂

Valse avec Bachir, réalisé par le soldat israélien Ari Folman, englobe différents genres : animation, guerre, historique, semi-autobiographique. Ari Folman n’avait d’autres buts que de retranscrire le climat de guerre au Liban à hauteur de soldat et ainsi mettre en exergue la brutalité et les horreurs de cette guerre. Ce film a reçu alors 5 prix, dont un César du meilleur film étranger et 19 nominations dans des festivales.

La première scène est saisissante. Un chien surgit d’un passage. Celui-ci est progressivement rejoint par ses 25 « acolytes ». Leurs yeux jaunes, et leur pelage sombre représente leur férocité. Rien ne les empêche d’avancer, pas même les passants qui se trouvent sur leur chemin. Enfin, ils s’immobilisent au pied d’un immeuble, en haut duquel un visage apparaît à travers une ouverture de fenêtre. Ils pourchassaient ce personnage qui n’est autre que Boaz. Celui-ci confie son rêve par la suite à Ari, le personnage principal de ce film, son ami. Boaz avait pour mission en 1982, lors d’une invasion israélienne au Liban, d’abattre tous les chiens qui signalaient par aboiement leur présence étrangère au village. Ari, jusqu’alors n’avait aucun souvenir de la guerre. Il faisait pourtant partie des troupes qui encerclaient les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, massacrés par les phalangistes chrétiens, fidèles de Bachir, assassiné. Suite à cette révélation, Ari se souvient d’une seule image de cet événement : celle au cours de laquelle il sort de l’eau accompagné de deux autres personnages dont on ignore l’identité. C’est à partir de ce moment que débute son travail de mémoire. C’est à l’aide de certains de ses alliés, qui ont combattu à ses côtés et faisant office de témoins, qu’il parvient peu à peu à reconstituer l’Histoire de la guerre. Les témoignages ne sont pas toujours objectifs. Effectivement, la mémoire de ces faits avérés est souvent refoulée par les hommes ayant vécu de telles épreuves. Elle laisse dans l’ombre ce qui effraie, ce qui dérange. Heureusement, d’autres lui expliquent avec précisions ce dont ils se souviennent. C’est grâce à ceux-ci que les souvenirs ainsi que les images des scènes lui reviennent. Comme dit son ami psychologue : « c’est ta mémoire qui va te conduire où toi tu dois aller ».

En s’appuyant sur du dessin pour représenter les rencontres avec ses amis, une  musique adaptée pour chaque scène, ainsi que des couleurs souvent monochromes, le cinéaste met en scène un flash-back. Celui-ci réordonne des fragments de ce qui s’est passé, ce qui permet, in fine, d’obtenir une véritable histoire organisée. Cette œuvre se démarque des autres par sa singularité. En effet, la façon dont Ari rend compte du passé, est peu commune. La diversité des témoignages et le plan stylistique est son moyen à lui de traiter d’un passé douloureux. C’est une façon détournée. Ce dessin permet de prendre un recul certain face à cet événement. L’essentiel est privilégié aux détails. On se rend davantage compte, sur le plan moral de la responsabilité israélienne face au massacre de Sabra et Chatila.

Mais comment expliquer un tel titre ?  La scène au cours de laquelle un soldat israélien : FRENKEL, coéquipier d’Ari, se retrouve au beau milieu du champ de bataille. Il se met à danser une valse et en tirant sans savoir dans quelle direction ni vers qui. Les murs de la ville sont alors placardés d’affiche du président actuel : Bachir.

La reconstitution des mémoires de la guerre au Liban est très claire. Nous suivons tout au long du film, la reconstitution des événements avec Ari. La représentation d’un tel drame est donc assez évidente. Ce cinéaste souhaite nous sensibiliser à ce sujet et nous faire part de son expérience à travers cette œuvre. C’est réussi ! D’autant plus que certaines scènes sont vraiment touchantes. Mais je ne vous en dit pas plus. Je vous laisse découvrir ce chef d’œuvre que je vous recommande vivement. Vous ne pourrez pas vous fier aux acteurs si vous regardez généralement la liste de ceux-ci puisque seules leurs voix les représentent. Cela attisera peut-être votre curiosité et vous pourrez vous faire votre propre opinion au sujet de ce film d’animation. Cette fois ci, elle ne sera pas influencée par l’acting. Authentique, il permet d’une part d’élargir sa culture cinématographique mais aussi d’élucider, de mon point de vue, certains points de l’histoire qui sont loin d’être limpides.

J’espère que cela vous aura plu. Dites moi en commentaire ce dont vous en avez pensé 😉

Peut-être que cela vous donner envie de visionner ce film si vous ne l’avez encore jamais vu 🙂

3 commentaires sur “Une mémoire ravivée sous l’action de témoignages

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  1. Merci pour cette Histoire. Moi je suis Arabe.et J’ai lu et relu ce que tu a écris il est Bien .pour moi Sabra et Chattilla me touche beaucoup et la Palestine malgré es année et des années 1982 .il ce vie encore et encore juste les lieu qui ont changé .vous dite certaines scènes sont vraiment touchante oui je confirme .Je vais cherché ce film car Ca m intéresse pour tu a bien raconté ce Film .Moi si j’ai vu que ce film animation est réalisé par un israélien je ne le vois pas .mais comme tu la présenté j’ai lu le texte .Grand Merci Cécile.

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  2. Merci, je m’intéresse de plus en plus à la culture étrangère comme vous pourrez le constater dans les articles : « l’arabe du futur », et « une jeunesse, celle d’une vie chinoise ».
    Vos compliments me font plaisir et le donnent envie de continuer ! Merci encore !

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